.:: Opéra Funeste ::.

X. Opéra Funeste
X. Opéra'
X. Féminin
X. 12 Lunes
X. Montagnes
X. Guerrière


X.
Dur de décrire une personne de caractère aussi réservé. À un passé aussi troublé. Cela paraît impossible mais ne l’est pas. Opéra Funeste ne changera jamais de personnalité. Toujours aussi rêveuse, toujours aussi réservé, toujours aussi timide, toujours aussi arrogante sur sa beauté. Elle paraît sans cesse plongée dans un rêve duquel elle ne sort que si elle voit la personne qu’elle cherchait. C’est simple, mais pas très facile à comprendre. Vous lui parlez, vous hurlez, tant que vous ne la toucherez pas, elle ne vous remarquera pas. Peut-être le fait-elle volontairement, mais cela semble impossible à découvrir. Il faudrait être quelqu’un qu’elle tient dans son cœur, qu’elle fréquente tous les jours. Quelqu’un qui la fait éveiller lorsqu’il passe devant elle. Alors là, vous découvrirez la vraie personnalité de la belle chatte au pelage tortue. Timide. Mais dès qu’elle a passé ce stade, elle commence à vous parler de sa souplesse, de son agilité, de son élégance, de sa beauté. À ce moment-là, elle ne bégaye plus, elle ne baisse plus la tête. Elle ne gratte même plus le sol poussiéreux de ses pattes. Elle ricane, se moque et devient sarcastique. Son faible handicap semble évaporé pendant l’espace d’un instant. Mais dès que vous la contredites, elle redevient la petite Opéra’ qu’il ne faut pas fréquenter à tout prix. Celle au passé sombre et sanguinaire. Celle à la beauté aussi renversante qu’aveuglante. L’ « autiste ». Mais que choisir entre ces deux personnalités ? L’une muette, rêveuse et l’autre non-sympathique et arrogante. Que choisir ? Cette question est bien posée. On ne peut pas y répondre.

Celui qui réussira à faire éclore le cœur d’Opéra’ sera un beau chanceux. Il découvrira sa seconde face. La belle, celle que l’on aime, la normale. Et oui, le monde n’aime pas la différence et cette face « normale » est donc aimée par tout le monde. Mais à quoi ressemble-t-elle ? C’est aussi dur de décrire une personnalité normale que compliquée, illogique, incompréhensible. Mais je vais essayer, tant bien que mal. Imaginons que vous soyez l’élu de son cœur. À chaque remarque, elle rigolera, sourira sentant le rose monter à ses joues. Elle vous regardera d’un air rêveur. Celui-ci fait penser à un amour enfantin, un amour d’adolescents, juste pour le plaisir. Cet amour n’a pas de chance d’avoir un avenir, mais, vivons le présent. À quoi sert de se soucier de l’avenir si l’on sait que l’on va tous mourir ? Continuons donc. La magnifique chatte ne se rendra jamais ridicule devant vous, ou essayera du moins de ne pas l’être. Vous le remarquerez rapidement : elle vous laisser parler, engager la discussion et en choisir le thème. Opéra’ sera toujours de votre avis, aveuglée par l’amour. Chaque ordre que vous lui poserez, aussi immoral soit-il, sera exécuté. À moins qu’elle se rende compte que vous aviez profité d’elle. Ce que je vous déconseille fortement de faire. L’amour implacable sera remplacé par une haine sans limites. Une envie de vengeance éternelle.

Être l’ennemi d’Opéra’ n’est pas une bonne chose. Personnellement, en étant quelqu’un qui, pour elle, regorge de haine, j’éviterais soigneusement de la rencontrer. C’est ce que pense chaque personne après avoir connu son passé d’après la version « de tout le monde ». Sa version à elle est bien différente. Elle regorge sûrement de preuves, plus ou moins inventées, de sa non-culpabilité. Mais bon. Lorsqu’Opéra’ regorge de haine et de souffrance qu’elle a envie de faire évaporer par l’intervention de quelqu’un, mieux en vaut pas être dans les parages. Elle peut s’en prendre à un écureuil, une fleur ou parfois même un chat. Un chat peut-être innocent. Mais cela lui est bien égal qu’il n’ait rien fait. Dans ces accès de colère, bien heureusement rares, elle ne connait plus aucune limite. Plus tard, si vous lui en parlez, elle vous regardera d’un air ahuri avec presque une auréole flottant au-dessus de sa tête. Dans la plupart des cas il est possible qu’elle ne vous prête même pas attention. Mais quelle idée d’aller vouloir parlementer avec une « folle-furieuse » au sujet de son comportement. Alors qu’importe ! Il n’y a rien d’autre à dire d’autre sur son caractère.


X.
Elle ? Ses yeux impriment la beauté, l’intelligence, la vivacité d’esprit. Mais son cerveau n’est pas son point fort et on ne peut pas dire qu’il brille une ampoule au-dessus de sa tête. Non, rien de tout cela, à part belle. L’élégance, la souplesse et sa joliesse sont sûrement ses seules qualités. D’office, une autiste n’a pas d’esprit. Enfin, c’est ce que l’on dit. Mais c’est yeux, pourquoi sont-ils aussi sereins ? On a l’impression qu’ils affichent sont passé alors que ce dernier est bien plus sombre que leur couleur. Leur belle couleur. D’un marron pareil aux châtaignes bien mûres des bois. Pareil au chocolat dans lequel on a envie de croquer à pleines dents. Ces yeux qui reflètent toute la beauté de la forêt, tout le savoir ancestral d’un chêne. Mais non, elle n’est rien de tout cela et n’y ressemble même pas. Ses yeux la trahissent, forment une aura illusoire autour d’elle. Trompent les gens qu’elle ne connaît même pas de vue. Oui, car elle ne regarde presque jamais par ses yeux. Il est bien possible que le toucher soit son seul moyen pour identifier la réalité qui se forme autour d’elle. Mais on ne peut être insensible à la tentation qui provient de ces organes, ils nous ensorcèlent par leur beauté sans même qu’Opéra’ s’en rende compte.

Son pelage ? Soyeux, mi-long et doux. C’est ainsi qu’elle le résumerait car elle n’apporte aucune importance aux couleurs. Presque aucune. Elle ne citerait aucune de ses cicatrices. Aucune de celles qui ont formées sa vie, ses souvenirs, sa mémoire et son enfer. Oui, son enfer, ou plutôt son handicap. Jamais elle ne parlerait de ses faiblesses qui parsèment son corps. De la plus petite à la plus grande des blessures. Morales comme physiques. Elle ne vous parlera, par exemple, jamais de son énorme cicatrice qui lui coupe son ventre tacheté en deux parties symétriques, identiques. Mais vous ne savez toujours pas à quoi ressemble son pelage, son beau pelage ? Il est, pour la plupart, blanc comme la neige. Parsemé ci et là de taches plus ou moins imposantes noir comme l’ébène ou marron comme ses yeux. En matière d’élégance, son pelage passe après les yeux. Pourquoi ? Il est magnifique, oui, mais traine par terre et ramasse peu à peu des petites poussières ou écorce d’arbre sur son passage. Elle s’assoit souvent, comme réglée par automatique, et s’époussette la fourrure ou passe ses griffes à travers à la manière d’un peigne afin d’en enlever toutes les impuretés. Puis elle se relève et poursuit sa marche. Sans même savoir où elle mènera.

À part cela, que décrire de plus ? Ses pattes, ses oreilles ? Oh, ces oreilles pareilles à celles d’un lynx. Elle les tient sûrement de sa mère qu’elle n’a jamais connue. C’est la seule chose qu’elle lui a laissé, un maigre héritage. Opéra’ n’en a pas pris soin, l’une est déjà déchirée. Mais que faire, la recoller ? À quoi bon. Son père l’aurait sûrement grondé. Cela fait un peu l’effet d’une photo déchirée. Mais cette photo, la belle chatte s’en fichait bien. Sa mère s’était laissée succomber et n’avait même pas essayé de rester en vie. Elle l’avait abandonnée. D’un geste lâche. Qu’attendait-elle pour mourir à son tour. Rejoindre le soi-disant clan des Étoiles. Qu’attendait-elle ? On ne le sait pas. D’ailleurs, il n’y a pas grand nombre de chose dont on est sûr au sujet d’Opéra’.

X.
Compliquée et triste, comme tout ce qui consiste Opéra’. Elle n’est pas très jolie à entendre, n’est pas écrite dans le but à vous faire faire de beaux rêves au fin fond de votre petite tanière mais, elle est instructive. Comme chaque chose dans la vie.
Tout avait commencé un matin d’hiver, lorsqu’elle n’existait pas. Pas encore, du moins. Elle était encore un petit embryon près à sortir du ventre de sa mère à tout moment. Mais le massacre était déjà commencé. Sa mère était devenue un assassin, et tout le monde se disait que le futur chaton allait l’être aussi. Un don héréditaire, un don dont on voudrait se débarrasser, un héritage funeste. La petite allait naître sans père, mais qu’importe. À ses yeux il n’était qu’un simple macho avide de pouvoir. Ces gens-là, en partant de son opinion, il fallait les éliminer de la surface de la Terre. Les faire rejoindre le Clan des Étoiles au plus vite. Mais bon.

Quelque temps plus tard, elle naquit. C’était un magnifique chaton écaille de tortue. Son physique était à envier de tout le monde, ses yeux étaient des merveilles, mais personne ne vint lui souhaiter la bienvenue dans la réalité. Même pas sa mère, elle l’avait tué. D’une manière ou d’une autre. Exprès ou pas. Elle était morte en couche, un malheureux destin. Sa réputation avait augmenté dès lors, dans le mauvais sens malheureusement. Que serait le monde sans préjugés ? Il n’existerait peut-être pas. Du moins, les personnes et les caractères qui le forment. Opéra’ avait commis un premier meurtre, consciente ou pas. Elle était coupable, comme sa mère.

Dans le Clan, elle était rapidement devenue le bouc émissaire. Toutes les punitions étaient pour elle. Qu’elle ait commit une faute ou pas. Elle était un assassin, quelqu’un d’infréquentable, sans amis, pliée à la volonté des autres. Elle ne savait plus rire et ses réserves de larmes étaient épuisées. Opéra’ était devenue insensible à la douleur, au chagrin des autres, à l’amour. La rage s’était accumulée au creux d’elle, au fil des années passées. C’était ainsi que son deuxième meurtre fut commit. Cette fois-ci, un meurtre de sang-froid. La victime était quelqu’un qui avait fait courir de nombreuses rumeurs autour d’elle, qui l’avait battue et l’avait fait souffrir de nombreuses fois. On aurait pu dire : « Il n’avait qu’à pas la provoquer ! » C’est vrai, mais cela reste un crime.

« Alors, comment ça va l’assassin ? Envie de tuer un chaton aujourd’hui, Nuage Funeste ? Tu sais que si tu essayais de changer je pourrais t’aimer et t’aider ? Mais regarde-toi, une jolie chatte comme toi ne peux pas rester sans compagnon et avec un tel caractère ! Tu ne réponds pas ? Et bien, tu mérites de mourir de toute façon. On aurait dû te chasser du Clan dès le début, tu n’apportes que le malheur. »

Elle l’avait aimé au début, Nuage du Bonheur. Mais son amour pour lui, lui avait toujours semblé impossible. Et ces phrases-là étaient de trop. Ne pouvant plus le supporter, elle l’acheva d’un coup de griffes bien placé. À quoi bon laisser une personne aussi arrogante en vie ? Voilà qu’elle devenait comme sa mère. Arrogante. C’est pour cela qu’elle changea. De l’Opéra’ « assassin » il ne restait plus que l’Opéra’ « autiste ». Elle préférait cela.

Pourtant, un jour, elle devint guerrière sous le nom d’Opéra Funeste. On ne pouvait pas nier ses performances au combat et à la chasse. Elle était respectée de tous, mais toujours personne ne venait lui adresser la parole. On ne pouvait pas croire qu’elle avait arrêté de tuer. Enfin, tuer autre chose que des proies. Opéra’ était toujours autant seule, mais cela ne la dérangeait pas. On ne juge que par le passé, et, ce dicton, dira toujours la vérité.


Validé !

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